143 rue du désert
Un documentaire réalisé par Hassen Ferhani
143 rue du désert est le second long métrage du réalisateur : Hassen Ferhani. Son premier documentaire : Dans ma tête un rond-point (2015), était un huis clos au sein d’un abattoir d’Alger, auprès des ouvriers, cherchant à montrer que même dans un lieu de carnage et de mort, la poésie pouvait s’y trouver.
au milieu
de toutes parts
Une improbable "gardienne du vide"
L’idée de départ de 143 rue du désert était de faire un road movie. C’est lors d’un voyage en Algérie avec son ami écrivain Chawki Amari (auteur de Nationale Une), qu’Hassen Ferhani, en quête d’une histoire, d’un “personnage”, a rencontré Malika : “Dès que je suis entré chez elle, j’ai su que mon film était là, que c’était elle, cette dame de 74 ans qui avait décidé d’ouvrir une buvette au milieu du désert.”
Malika est une dame de 74 ans, seule “au milieu de toutes parts”, avec ses deux chiens et son chat comme unique compagnons de vie. Son choix paraît improbable, mais Malika est une femme complexe, une résistante hors du temps qui refuse les discours extérieurs et la modernité. Elle existe ici, indépendante, libre, sauvegardant ses idéaux et son mode de vie.

©meteorefilms

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Un "road movie" inversé
Le long d’une interminable route en plein désert, celle de Tamanrasset, la buvette de Malika se dresse humblement au cours de la traversée, à 10h d’Alger. Un lieu unique, qui semble n’avoir d’utilité que pour les voyageurs. Car si le Sahara apparaît comme un immense désert dépourvu de vie, une étendue de vide, le havre de Malika prouve le contraire. Le réalisateur y plante sa caméra, et c’est de ce lieu, de ce repère, que l’on découvre la vie du dehors : un flux de mouvements, de gens qui vivent dans le désert, y travaillent et surtout y voyagent. Des routiers, des imams, des militaires, un groupe de musiciens en tournée, et même une touriste polonaise à moto… tous passent par le relais de Malika, visage familier, permettant les échanges et les interactions.
La puissance du hors champ
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Récompenses
Le documentaire s’est vu récompensé d’un Léopard d'Argent du réalisateur émergent et du prix du jury des jeunes au Festival de Locarno
Il a reçu le grand prix du jury, le prix du public et le prix UNESCO au Festival international du cinéma d'Alger
Il a obtenu la montgolfière d'Argent, le prix du jury jeune ainsi que le prix du public au Festival des 3 continents de Nantes
143 rue du désert est un documentaire paradoxal, c’est un road-movie qui ne prend pas la route, il laisse venir les voyageurs qui témoignent de la vie alentour ; c’est un huis-clos, où l’on ne distingue pas tout, les plans fixes étant concentrés sur Malika et la pièce unique de sa buvette, sans regard sur son espace privé ; enfin, c’est un film où l’on apprend les choses sans qu’elles ne soient formulées, par ce qui ne se dit pas, et que l’art du réalisateur parvient pourtant à saisir.

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