Outre son intense beauté (esthétique), ce qui démarque Notturno, c’est son commentaire minimaliste. Quasiment muet, ne donnant aucun repère, ni contextualisation (lieu, personnes), les scènes se succèdent, sans suivre de linéarité, et brouillent les genres : fiction ou documentaire ? Le spectateur est désorienté dans cette immense terre de souffrance, rendue évidente par le silence. C’est là encore un choix du réalisateur, qui participe à son désir d’effacer la notion de frontières. Immersion dans un immense no man’s land sans contours, peu importe où cela se trouve, seule compte la vie qui est parvenue à prendre racine.